"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

dimanche 29 avril 2012

Une éclarcie en jaune dans des vies obscures



J''écris rarement sur ce blog au sujet du football. Cela ne vous passionne pas ou peu mais tant pis, un blog est après tout un espace fait pour exprimer ce que l'on a envie sans ce soucier de "l'audimat".
 J'aime ce sport depuis tout petit, c'est à dire du temps où Georges Carnus était le gardien de l'équipe de France et Charly Loubet son buteur, où Roger Magnusson était irrésistible sur l'aile droite de l'OM et servait des centres à un Josip Skoblar qui marquait 44 buts dans sa saison. Ces noms ne doivent strictement rien dire à la plus part d'entre vous. Oui, j'aime le football et n'affecte pas de le détester comme certains intellos  parce que c'est un sport "populo" pas plus que je ne l'affectionne parce que cela ferait "populo".
La finale de la coupe de France US.Quevilly / Olympique Lyonnais et plus généralement le parcours de l'USQ dans cette coupe m'ont ramené un peu à l'enfance, vers des temps où le derby FCR/USQ remplissait un stade Robert Diochon qui à cette époque accueillait vingt milles spectateurs. Je me suis souvenu de la main de mon père ou de celle de mon parrain qui tenait la mienne pour rentrer dans le stade et de nos voix qui s’époumonaient pour encourager nos favoris.
Quarante et quelques années plus tard, j'ai revécu un peu les mêmes sensations, les mêmes pulsions, la même passion avec ma femme et mes filles et ceux qui forment aujourd'hui le premier cercle familial. Alors nous n'allions pas bouder notre plaisir d'aller voir l'USQ en finale de coupe de France au stade de France, justement.
J'ai choisi, et cela n'a rien à voir avec un quelconque sentiment du devoir de "citoyen-éco-responsable", de me rendre à cette finale en autocar. Non, c'est sans doute parce que je voulais vivre cette dernière étape comme une véritable infusion et la partager avec le peuple du football.
Alors oui, "beaufferies" il y eut, mais croyez moi, là n'est pas l'essentiel. Durant ce parcours qui dura quelques mois et quelques matchs de légende, j'ai vu des gens heureux qui l'espace de quelques heures oubliaient la dureté de leur sort. Je me souviens du visage de ce petit môme "rouquin normand pur sucre" de 12 ans qui me lança des regards noirs lorsque à Caen en quart de finale, j'encourageais l'OM de mon cœur et de mon enfance, puis de sa joie à 3-2 pour Quevilly au coup de sifflet final et de son sourire lorsque je l'ai félicité.

Hier, il faisait un temps pourri, une météo normande en quelque sorte. On pouvait y voir un heureux présage. Sous cette pluie battante, plein de bonne humeur, le peuple Normand s'est rendu à Paris (je ne vous dirai pas pour quoi faire, selon les chants entonnés dans l'autocar, aux Lyonnais, le freluquet en eut été rempli d'aise), a fait la queue de longues heures pour obtenir son billet, monter dans le bus ou bien et sans doute ce sera l'image de cette finale qui restera gravée dans ma mémoire, celle de ce père et de ses deux enfants, debout sous la pluie au milieu d'un pont qui enjambe l'A13 entre Louviers et Mantes la jolie, en pleine campagne, qui avaient disposé sur la rambarde de ce pont, face au sens de la circulation, une banderole "Allez l'USQ" et le drapeau de la France. Ce père et ses enfants agitèrent les bras au passage de chacun des 180 autocars et  des milliers de voitures aux couleurs de l'USQ, qui leur répondirent par des coups de klaxon selon la rythmique bien connue des encouragements. En imaginant la joie de ces enfants et de leur père, j'ai eu chaud au cœur.

Il est de coutume de dire qu'une finale, cela ne se joue pas mais cela se gagne. Pas sûr pour autant que l'histoire de cette coupe de France 2012 ne retiendra pas plus le nom de Quevilly que celui de Lyon. Hier soir sur le coup de 23 heures, la sensation dans le stade était toute autre que sans doute, celle que l'on pouvait ressentir devant un poste de télévision qui ne devait montrer comme à l’accoutumée, que l'image de ceux qui brandissaient la coupe.
Des tribunes du stade de France, il montait un chant qui comme un remerciement, s'adressait aux vaincus du soir, mais aussi à ces obscurs, ces oubliés et invisibles du football, image miroir de leur supporters dans la France d'aujourd'hui.
Oui, bien sûr, le football comme la religion, seraient l'opium du peuple. On préfère "payer onze imbéciles pour en calmer des millions d'autres" et ce matin, il y a sans doute des milliers de gueules de bois. La fête est finie, les derniers lampions s’éteignent. La dureté de la vie n'a pas changé. Dans les ateliers et les bureaux ou derrière la caisse du supermarché, il va falloir reprendre le turbin. Le petit chef sera toujours aussi con, la paie aussi maigre et les trente derniers jours du mois, aussi difficiles. Mais l'espace de quelques heures, l'épopée des "jaunes et noirs"  aura été une belle éclaircie dans des milliers de vies obscures.
CD

ps: autre joie "footballistique" (mais pas seulement) pour un "turchini" comme moi, le Sporting Étoile Club de Bastia remonte en ligue 1 pour la saison 2012/2013 et de nombreuses autres à la suite. Forza !

2 commentaires:

  1. J'en étais aussi Constantin (du match, pas du reste...). Et mon fils me tenait la main. Les années passent, les images demeurent.
    Revenons à nos préoccupations locales : une source bien informée, proche du freluquet et qui s'occupe d'affaires culturelles, se répand en ville sur le rejet de la demande de permis de construire Casino-La Poste pour transformer la poste en supérette de proximité prête à faire notre bonheur.

    Attendons la confirmation officielle.

    Raymond

    RépondreSupprimer
  2. Les informations de vos sources recoupent celles des miennes. Il semble bien qu'à Bihorel "Demain, ne sera pas chez Auchan".

    CD

    RépondreSupprimer