"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

mercredi 7 août 2013

Carte postale (8) - Et si notre avenir ressemblait à Detroit ?


Par Joris Karl

La ville de Détroit a franchi une nouvelle étape dramatique il y a quelques jours. Maintenant, elle est officiellement en faillite. Dans les médias de grande audience, donc de grande influence, nous ne trouvons pas trace de quelconque rappel historique honnête.
Personne à notre connaissance n’a relevé l’étrange histoire arrivée à cette métropole jadis triomphante, l’ancienne capitale mondiale de l’automobile… où, en 2013, une grande partie des citoyens sont sans voiture ! Sans doute parce que ce n’est pas politiquement correct. Au sens strict. Sans doute parce que l’histoire de Détroit, ville fondée par les Français, en plus, pourrait inquiéter nos téléspectateurs.
Il y a de quoi.
Parce qu’en réalité, tout est né d’une gigantesque émeute raciale. Comme celle qui nous pend au nez un de ces quatre. Ce « Big One », Détroit l’a vécu en 1967, deux ans après L.A. Le basculement démographique avait déjà lentement commencé à cette époque. Ce fut la goutte de feu qui fit déborder le volcan. « La grande émeute, ça a été le tournant pour la ville. Les Blancs ont commencé à fuir. La majorité d’entre eux. Et ne sont plus jamais revenus », explique Rachel Grady, coauteur du documentaire Detropia.
« On est passé d’une ville habitée à 84 % par des Blancs en 1950 à une ville habitée par des Noirs à 83 % en 2010 », explique Dylan Matthews, dans le Washington Post du 27 juillet dernier. C’est clair, c’est net. Il y a eu un grand remplacement. Et ça s’est très mal passé !
La nouvelle population majoritaire, afro-américaine, a logiquement fini par prendre le pouvoir, avec un maire fou à lier, le « grand mother fucker in charge », comme aimait à se qualifier Coleman Young, élu en 1973 ! La ville est devenue toujours plus sale, toujours plus violente. La police a peu à peu laissé le terrain aux voyous. Ses effectifs ayant diminué de 40 % ces dix dernières années, elle ne résout plus que 10 % des crimes et il faut compter une moyenne de 58 minutes pour une réaction de la police si vous l’appelez !
Sur son blog The Economic Collapse , Michael Snyder donne tous ces chiffres effrayants : la ville qui en 1960 se targuait d’offrir le plus haut revenu par tête de l’ensemble des États-Unis est maintenant endettée à hauteur de 20 milliards, soit 25.000 dollars par habitant.
Près de 78.000 maisons sont abandonnées dans une ville qui ne compte plus que 700.000 âmes contre 1,8 million à la grande époque !



Près d’un tiers de l’agglomération est en ruine, dont l’ancienne gare centrale, vestige impressionnant de cette décadence. 47 % des habitants sont illettrés et plus de 50 % au chômage… Anecdotique mais utile pour les dealers, 40 % des lampadaires ne fonctionnent plus.
La situation de Détroit vous rappelle peut-être vaguement quelque chose. Oui, car il est bien possible que dans ce coin d’Amérique, jadis prospère, les gens aient vécu notre avenir…

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