"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

vendredi 20 novembre 2015


Avertissement: je n'ai pas pour habitude de publier un texte sans l'avoir retravaillé. Écrit entre dimanche soir et mercredi, pour une fois étant données les circonstances de sa rédaction, je vous livre brut, ce billet.

Dimanche matin , mal dormi comme des milliers de Français, une sensation de gueule de bois. Dès le réveil vers six heures le réflexe radio, savoir si les islamistes ont de nouveau frappé, une réplique comme l'hyper casher après Charlie, heureusement il n'en est rien.
  11h30 messe à Saint François, l'église est peut être un peu plus remplie qu'à l'accoutumée. J'aime bien le diacre qui  prêche ce dimanche mais la mollesse aujourd'hui ne passe pas. Comme l'homélie de Mgr Lebrun nouvel archevêque de Rouen, mercredi à Bihorel pour la messe des anciens combattants : un texte falot, ce n'est pas ça qui fera lever les foules, il nous parle des frontières comme de cicatrices, ce matin j'ai envie de lui demander quelles cicatrices il préfère : celles des frontières ou celles à tout jamais dans les corps et les âmes des victimes de vendredi soir ? Jésus était avec eux au Bataclan, nous dit le diacre mais aussi avec les migrants dans le tunnel sous la manche et ceux qui se fracassent contre les grillages de nos frontières. Même avec ceux qui ont commis les attentats de vendredi soir ? Pour l'instant , pas de démenti de l'Interessé. Je quitte Saint François encore un peu plus sombre
L'après midi j'ai du mal à décoller des chaines d'info : savoir devient un besoin quasi physique et le spectacle continue de me décourager. On voit des Français sortir et se réunir dans Paris  malgré les interdictions, on allume des bougies, on chante, on grattouille sa guitare, on dépose des bouquets, des dessins, on joue "imagine" chanson d'une autre époque, les rues sont remplies de papa-poussette, certains ont dû se rendre devant le Bataclan ou la Belle Équipe en rollers. Dans notre société post-historique, même le recueillement et le deuil doivent être festifs. Homo-festivus fait le spectacle, show must go on, Pray for Paris, la baise et l'alcool plus forts que la barbarie... C'est tout ce qui reste de l'occident ?
Messe à Notre Dame de Paris, Hidalgo et Bartelone présents, nous sommes à trois semaines du premier tour des régionales, les bouffeurs de curés veulent être vus, se refaire une santé politique, gagner les trois points de vote si indispensables, tout cela dégouline d'une récupération puante. La gauche a voulu tuer le catholicisme en France et ce faisant a creusé le lit de l'Islam. La gauche aurait dû lire Chateaubriand.  L'esprit a horreur du vide.
 18 heures, alerte place de la république vent de panique, bousculade, trois pétards ont éclaté, les papas-poussette et les rollers se débinent, en trente secondes la place est vide, ne reste plus qu'abandonnés aux vents et à la pluie,  jonchant le sol les petits panneaux "même pas pas peur" bravement, si l'on peut dire, brandis depuis des heures par les pris de panique . Même pas peur ? Mon œil !

Lundi matin, c'est toujours aussi difficile; ça ne passe pas. Me hante le visage de ce père qui trente six heures après les attentats, dimanche, cherche sa fille dans tout Paris. Personne ne lui a dit, pourtant, il ressent l'inéluctable réponse, il sait, l'amour paternel le lui dit mais il ne peut admettre... Seuls ceux qui ont cherché dans la nuit, car c'est la nuit qui toujours vous entoure dans ces moments là, un être cher,  comprendront

 Au téléphone, même professionnel, les gens au bout du fil sont groguis.  La politicaillerie repointe le bout de son nez. Je m'arme psychologiquement et me prépare à ingurgiter à (très) forte dose toute la journée, toute la semaine et plus encore du "pasdamalgame", des "valeursdelarépublique" et de"lunitenationale". Rappelons-nous mes chers Compatriotes que jusqu'à vendredi 13 au soir, le seul soucis, le seul objectif, le seul mot d'ordre, qui mobilisait la gauche, tout l'exécutif, premier ministre, gouvernement, président inclus, c'était "tout faire pour que le Front National ne gagne pas une seule région".
130 morts (j'inclus Diesel, le Berger malinois du RAID) et 352 blessés plus tard, vous en pensez quoi de ceux qui nous dirigent ? de leur lucidité, de leur sens des priorités, des responsabilités, de leur analyse de la société française, de leur capacité à nous gouverner, à assurer notre sécurité ? Et le destin de la France ?
Depuis les attentats, je ne décolère pas, il n'est pas agréable et il est même traumatisant d'avoir avec d'autres joué les Cassandre lorsque des faits aussi abominables vous donnent raison.  Depuis vendredi 13 certains font mine de découvrir la cinquième colonne, le "bruxellisthan", les territoires perdus de la république, le grand remplacement. Les moues dédaigneuses de Taubira, les airs de matamore de Valls, les métros de retard de celui qui déjà depuis plusieurs semaines n'était plus que le candidat sortant, tout cela m'est devenu insupportable. Les politiques de l'excuse, de la tolérance, de l'abandon menées par la gauche et la droite "gauchisée" intellectuellement, ont mené au Bataclan. Ils ont refusé le réel, le réel les a rattrapés sous forme de balles de kalashnikov vendredi soir dans les rues de Paris.
Robert Menard a raison, on ne peut pas accepter qu'on nous refasse le coup de Charlie une deuxième fois. 
CD


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