"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

mardi 14 novembre 2017


Fier d’être Français   
(lettre d’un soldat juif à son général)                                                                                                                                                                                                                                                                                  


Le 6 septembre 1917

         Mon Général,

Je me suis permis de demander à passer dans l’infanterie pour des motifs d’ordre personnel. Mon cas est en effet assez différent de celui de la plupart des combattants.
Je fais partie d’une famille israélite, naturalisée française, il y a un siècle à peine. Mes aïeux, en acceptant l’hospitalité de la France, ont contracté envers elle une dette sévère ; j’ai donc un double devoir à accomplir : celui de Français d’abord ; celui de nouveau Français ensuite.  C’est pourquoi je considère que ma place est là où les risques sont les plus nombreux.
Lorsque je me suis engagé, à 17 ans, j’ai demandé à être artilleur sur la prière de mes parents et les conseils de mes amis qui servaient dans l’artillerie. Les «appelés» de la classe 1918 seront sans doute envoyés prochainement aux tranchées. Je désire les y devancer.
Je veux après la guerre, si mon étoile me préserve, avoir la satisfaction d’avoir fait mon devoir, et le maximum de mon devoir. Je veux que personne ne puisse me contester le titre de Français, de vrai et bon Français.
Je veux, si je meurs, que ma famille puisse se réclamer de moi et que jamais qui que ce soit ne puisse lui  reprocher ses origines ou ses parentés étrangères.
J’espère être physiquement capable d’endurer les souffrances du métier de fantassin et vous prie de croire, mon Général, que de toute mon âme et de tout mon cœur je suis décidé à servir la France le plus vaillamment possible.
Veuillez agréer, mon Général, l’assurance de mon profond respect et de mon entier dévouement.
                         


Henry LANGE

Henry Lange  fut tué le 10 septembre 1918 à la tête de sa section. Il avait vingt ans.
Paroles de poilus (lettres et carnets du front 1914-1918)  ed.  Folio 





 

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