"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

dimanche 11 février 2018

Sunt verba et voces, praetereaque nihil (1)

Injonction à un maire après ses trois mandats




A peine fus-je assis dans la salle du Chapitre vendredi 2 février, que je me demandais ce que j’étais venu faire là ? Assister une fois encore au sempiternel numéro de claquettes du maire, l’écouter énoncer les mêmes antiennes (Bihorel perd des habitants) et l’entendre chouiner (l'état est méchant), voilà ce qui m’était promis pour les deux heures à venir. Je ne fus pas déçu, il respecta dans les grandes lignes, le programme que j’attendais.
La presse locale a publié dans les éditions de la semaine un résumé des annonces du maire (fermeture définitive de la piscine, urbanisation galopante) et de cet exercice d’auto-satisfaction auquel il se  livra  pour décrire son action à mi-mandat. Aussi, je ne reprendrai pas dans ces colonnes le menu dans le détail.

Évidemment, cette presse servile se garda bien cette semaine de mentionner les principales prises de parole des habitants relatives à l’insécurité au plateau des Provinces (dégradations des halls d’immeubles, voitures saccagées à coups de barres de fer, insultes, crachats, vols de sacs à main, liste non exhaustive…). Cela dit, il faut bien reconnaitre que notre police municipale fait de son mieux, la nationale aussi sans doute, mais toutes deux sont desservies par une justice laxiste qui permet, selon les dires des habitants concernés, qu’à peine arrêtées, les racailles soient de retour 24 ou 48 heures plus tard sur les lieux...On ne peut rendre responsable le maire de Bihorel de l’impéritie des gouvernements qui se succèdent depuis quarante ans.
   
L'autre sujet qu’oublia de mentionner le petit rapporteur de la locale de PN, fut l’intervention de M. Valet du Comité Non à la déviation BIHOREL / ROUEN (2). Les travaux du tunnel de la grand mare sont à peine terminés que déjà des interventions de maintenance nécessitent la fermeture plusieurs nuits par semaine de l’ouvrage, entrainant le passage entre les habitations de toujours plus de camions.
A cela, le maire ne répond que par des génuflexions à Saint Contournement Est dont la date de démarrage de  construction n’est pas encore connue alors, quant à celle de son achèvement… Au plateau des Provinces encore de « belles » années de nuits blanches en perceptive pour les habitants, sans que cela n’émeuve ni le maire, ni le préfet.

Si le contenu de cette réunion ne m’a pas déçu parce que convenu et attendu, la forme, elle, fut plus décevante. L’invitation indiquait « venez échanger avec vos élus ».  Bon dès l’entrée dans la salle, on comprenait que ce serait le « Pascal power point show » car ses berniques assises au premier rang tournaient le dos aux Bihorellais et dans le rôle du silence, il faut avouer ma foi qu’elles furent parfaites.  
Mais, si je me souviens bien, Pascal Houbron fut élu par 51% des votants en 2014 (un minimum en démocratie) et ne représente du coup qu’un Bihorellais sur deux puisque 49% d’entre eux ne votèrent pas pour lui, dont votre serviteur, faut-il le préciser ?
A ma grande déception, je ne pus échanger « avec mes élus », ceux de Bihorel rassemblée, non invités à s’exprimer de façon contradictoire sur le bilan du petit Pascal et à répondre aux questions de leurs électeurs. La démocratie locale serait sortie grandie si eux aussi avaient pu s'exprimer mais en la matière, nous le savons bien, mes chers Compatriotes, le maire n’a jamais été très bon et le cancre fait peu d'efforts.
Il faut malheureusement reconnaitre que les élus de l’opposition se firent remarquer par leurs absences à l’exception près de Mme Bonneau, (Mme Jérôme, souffrante était excusée), mais Mme Dubec avait sans doute piscine et n’était pas présente.
Dommage, que celle qui se considère depuis la défection de Benoit Pétel comme la « première » de liste et à qui l’on prête des ambitions communales (et plus si affinités) se dérobe ainsi. Tout à fait entre nous, je ne suis pas sûr que les Bihorellais ce soir-là, s’aperçurent de son absence…

Vous l’aurez compris, mes chers Compatriotes, la soirée fut préemptée par la clique et la claque du petit marquis. Alors, prendre la parole dans ce contexte, revenait à faire une tentative d’évangélisation au beau milieu d’une mosquée un vendredi pendant la prière et si j’ai le gout du risque, je n’ai pas celui de l’inutile.
Au final, une opération de communication vaine parce qu’elle ne prêcha que des convertis. Incapable de développer un projet fédérateur des Bihorellais pour l'avenir de notre commune, le maire montra une fois encore ses limites. Son bilan, même si ce n'est pas celui de mi-mandat mais de 17 années à la tête de Bihorel, se résume en peu de mots: toujours plus bas.

Qu'il semble loin le rêve d'Alfred Caron de faire de Bihorel, le joyau des hauteurs de Rouen. Pascal Houbron travaille depuis trois mandats de maire à faire perdre l'âme de ce qui restait encore à la fin du vingtième siècle, une commune "village". Digérée par la métropole, Bihorel s'efface peu à peu dans une pseudo modernité non choisie par une majorité mais imposée par quelques uns et disparait lentement car livrée aux promoteurs.
J'ai connu un Bihorel où il faisait "bien vivre ensemble chez nous à Bihorel", celui de Jean Freret. A l'époque, la commune était attractive de par son charme, sa tranquillité. Sa piscine certes ne s'appelait pas "Transat", point de toboggan, de bains bouillonnants et autres niaiseries mais elle avait l'avantage d'être ouverte et le mérite de fonctionner, elle !
Oui, nous y étions bien ensemble chez nous, à l'époque les Bihorellais ne se regardaient pas avec suspicion pour savoir lequel d'entre eux allait vendre sa maison à un promoteur qui allait pourrir avec ses constructions la vie du voisinage et polluer l'entourage. 
Jean Freret n'aurait lui jamais laisser défigurer le clocher de Notre Dame des Anges pour 30.000 euros (0,3% du budget communal, Houbron en est là...), sans doute lui savait-il ce que les mots patrimoine et histoire signifient ainsi que respect du cultuel et du culturel.
Le maire actuel est l’archétype de cette droite en carton pâte, inculte, dont les élus ne se sentent dépositaires de rien, sans colonne vertébrale idéologique, gestionnaires à la petite semaine et dont le seul soucis est de briller comme un miroir de bordel sur les photographies des revues institutionnelles et autres publications locales pour assurer leurs réélections et le plus important, conserver les émoluments associés à leurs mandats. Enlaidir Bihorel et lui faire perdre son âme, c'est pour notre petit marquis, poussière de comète.

En écoutant l’auto-satisfait ce soir-là de février 2018 à la salle du Chapitre, j'ai fini par m'ennuyer et quitter l'endroit avant la fin. En remontant dans ma voiture, songeur j'ai souri en pensant à Érasme qui écrivait " Chacun aime l'odeur de son fumier" et trouvé que cela qualifiait parfaitement ce que je venais d'entendre.

CD

(1) "des mots et des paroles et rien de plus" Horace ou les pages roses du dictionnaire, comme l'écrivait Céline.

(2) lien vers la page facebook du comité









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